Arlette Soudan-Nonault : « Atteindre les 10% du PIB est la mission assignée à mon ministère »

 

Le tourisme fait partie des cinq secteurs retenus par le gouvernement pour développer l’économie nationale au même titre que les mines, l’agroalimentaire, les transports et la logistique, les forêts et l’industrie. Il lui a été assigné la mission d’atteindre 10% du Produit intérieur brut (PIB). Dans une interview accordée aux Dépêches de Brazzaville, la ministre en charge de ce département, Arlette Soudan-Nonault, dégage sa stratégie et évoque les actions déjà menées pour atteindre cet objectif.

 

 Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Madame la ministre, il vous a été assigné la mission d’atteindre les 10% du Produit intérieur brut (PIB). Comment est-ce que vous vous y attelez ?

Arlette Soudan-Nonault (ASN) : Atteindre les 10% du PIB dans quatre ans, cela représente un objectif très ambitieux, sachant que dans des pays aux infrastructures très développées en la matière comme la France ou le Maroc, la part directe du tourisme est de 7 à 8% et qu’elle est de 4% au niveau mondial. Cela dit, 10% c’est bien ce que représente le tourisme dans le PIB mondial si l’on additionne ses impacts direct, indirect et induit, tant il est vrai qu’il s’agit là d’un secteur transversal. C’est donc ce vers quoi nous devons tendre, car notre potentiel est considérable.

LDB. Comment est-ce que vous vous employez à consolider cette nouvelle prise de conscience ?

ASN : Les objectifs que poursuit aujourd’hui le ministère en charge du tourisme sont doubles : d’abord un objectif global qui est celui de parvenir à développer un tourisme durable capable de réduire la pauvreté ; en second lieu des objectifs spécifiques ou immédiats qui visent à diversifier l’économie ; contribuer à la croissance économique du pays ; contribuer de façon substantielle au PIB national ; créer les emplois.

LDB : Dès lors, une planification globale est-elle indispensable pour l’avenir du secteur ?

ASN. À mesure que le tourisme prend de l’importance dans la planification économique nationale, il faut s’intéresser aux possibilités de son développement à long terme. Une planification stratégique globale est indispensable pour l’avenir du secteur, pour des raisons liées à la conservation des parts de marché et aux avantages concurrentiels, en veillant à ce que les gains de productivité soient au moins aussi élevés que dans les autres secteurs en croissance.

LDB : Combien d’axes comporte cette stratégie ?

ASN : Depuis mon installation à la tête du département en charge du tourisme et aujourd’hui de l’environnement, nous nous employions à mettre en œuvre cette stratégie nationale qui comporte 10 axes, entre autres, la création d’une vision nationale sur les enjeux et les objectifs du tourisme et de l’écotourisme ; la planification et programmation des offres touristiques de loisirs ; la mobilisation des partenariats techniques et financements, etc.

LDB : Quelles sont les actions que vous aviez déjà menées?

ASN : Un grand effort a été consenti. Nous avons à notre actif deux grandes rencontres de communication et d’échange sur la vulgarisation de cette stratégie nationale, à savoir : le séminaire d’appropriation de la stratégie et surtout des premières assises nationales du tourisme qui se sont tenues du 17 au 18 juillet 2017 en présence du secrétaire général de l’OMT, le docteur Taleb Rifai.

Dans le domaine de l’emploi et de renforcement des capacités techniques sur l’emploi et l’utilisation des outils de l’économie du savoir, nous notons l’installation de deux sites Internet du ministère en charge du tourisme et de l’Office de promotion de l’industrie touristique (Opit). Par ailleurs, un Bureau d’information touristique (BIT) a été inauguré à l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville, un second le sera bientôt à celui de Pointe-Noire; un Gîte d’écotourisme a été construit à Sossi ; un Tour de ville touristique de la capitale est opérationnel etc. Lors de nos différentes tournées de sensibilisation à travers le pays, nous avons exploré et ouvert des chantiers touristiques complémentaires de la « Destination Congo Brazzaville », tels le tourisme mémoriel et le tourisme religieux. Enfin, tant en marge des premières assises du tourisme que lors de nos déplacements à l’étranger, des contacts en cours d’exploitation ont été noués avec des opérateurs privés désireux d’investir au Congo dans les domaines du tourisme, de l’hôtellerie et des loisirs.

LDB. Pensez-vous que l’élaboration d’une stratégie à long terme suppose l’adoption d’une vision claire ?

ASN : Evidemment. Le processus doit s’appuyer sur un dialogue ouvert avec toutes les parties prenantes, étant entendu que tous les ministères concernés ont leur mot à dire, pour déboucher sur une intervention gouvernementale coordonnée. Les stratégies touristiques obéissent donc de plus en plus à la nécessité d’une approche intégrée du développement touristique impliquant un large éventail de ministères. Ce n’est que sous cette condition que le ministère du tourisme peut assurément atteindre les objectifs qui lui ont été assignés.

LDB : Pour terminer, êtes-vous confronté à quelques difficultés ?

ASN : Le ministère se trouve confronté à un réel problème d’éducation et de formation appropriées pour promouvoir l’innovation et faire progresser la productivité dans le secteur du tourisme. On a constaté que sur le marché du travail, celui-ci est confronté à un certain nombre de problèmes. Par exemple, le secteur a du mal à attirer une main d’œuvre, à la conserver et à améliorer sa qualification sur le long terme ; le secteur a constamment aussi besoin de nouvelles compétences pour faire face à l’évolution de la demande. Il est donc nécessaire de remédier efficacement à la pénurie de main-d’œuvre et de compétences afin de ne pas compromettre sa croissance. Enfin, beaucoup d’efforts restent à faire dans la mise en œuvre du vaste chantier ouvert par la Stratégie nationale et le Plan directeur de développement durable du tourisme (Snp3dt)…

Source : adiac-congo.com